Washington, Paris et Londres ont lancé dans la nuit des frappes en Syrie

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont lancé une opération militaire contre des cibles en Syrie dans la nuit de vendredi à samedi. L’opération est terminée, a annoncé tôt samedi le ministre américain de la défense Jim Mattis
Le général Joe Dunford, chef d’état-major américain, a indiqué que l’opération militaire avait visé le programme d’armement chimique du régime syrien. Il a ajouté qu’aucune autre opération n’était prévue pour l’instant, précisant que les alliés avaient pris soin d’éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays, mais que Moscou n’avait pas été averti à l’avance de l’intervention
Frappes ponctuelles
Ces frappes « ponctuelles » sont destinées à délivrer un message fort au président Bachar al-Assad, a déclaré de son côté James Mattis, le secrétaire d’Etat américain à la Défense
Les frappes, menées avec des avions et des missiles tomahawk tirés depuis des navires en mer, ont visé trois sites: un centre de recherche scientifique proche de la capitale syrienne Damas, un site de stockage d’armes chimiques près de Homs, ainsi qu’un complexe situé non loin du précédent, comprenant un important centre de commande ainsi que des capacités de stockage
Aucune perte n’a été enregistrée du côté occidental. Le bilan du côté syrien n’est pas connu pour l’instant
Annonces coordonnées dans la nuit
Dans la nuit, le président américain Donald Trump avait annoncé le lancement de l’intervention. « Une opération combinée est en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux », avait lancé le président américain, qui s’exprimait à la Maison Blanche
L’annonce de l’opération militaire par Donald Trump
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 14, 2018
De Londres, la Première ministre britannique Theresa May a affirmé qu’il n’y avait « pas d’alternative à l’usage de la force ». Elle a souligné qu’il ne s’agissait pas d’intervenir dans une guerre civile ou de provoquer un changement de régime. « Il s’agit d’une opération spécifiquement conçue pour dissuader le régime syrien d’employer des armes chimiques », a insisté Theresa May
Le président français Emmanuel Macron a annoncé de son côté à Paris que les frappes françaises étaient « circonscrites aux capacités du régime syrien sur les armes chimiques ». Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l’emploi d’armes chimiques, qui est un danger immédiat pour le peuple syrien et pour notre sécurité collective », a-t-il ajouté
Un missile américain s’abat dans la région de Damas, samedi 14 avril 2018. Hassan Ammar – Keystone
Israël en soutien, l’ONU appelle au calme
Israël a justifié samedi les frappes américaines, françaises et britanniques en Syrie en affirmant que le régime de ce pays continue ses « actions meurtrières », selon un responsable israélien, qui a requis l’anonymat
De son côté, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé toutes les parties et les Etats membres à faire preuve de retenue afin d’éviter tout acte qui pourrait conduire à une escalade de la violence. Il a par ailleurs souligné l’importance d’agir en conformité avec la charte de l’ONU et le droit international. Il a souligné que les opérations militaires occidentales survenues cette nuit en Syrie n’ont pas été autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU
Colère de la Syrie, de la Russie et de l’Iran
Par le biais de son ministère des Affaires étrangères, le régime syrien à Damas a dénoncé une « agression barbare et brutale » des Occidentaux. Ces frappes visent à « entraver » une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui devait entamer samedi son enquête à Douma sur une attaque chimique présumée, selon Sana, l’agence de presse officielle syrienne
Un haut responsable syrien a précisé que les sites militaires visés par les frappes occidentales avaient été évacués il y a plusieurs jours, à la suite d’informations émanant de l’armée russe
La Russie, soutien indéfectible du régime de Damas, a pour sa part vivement réagi par la voix de son ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov. « Nos mises en garde n’ont pas été entendues », a-t-il estimé, jugeant que ces frappes étaient une « insulte » au président russe Vladimir Poutine et qu’elles auraient des conséquences
Selon le ministère russe de la Défense, « plus de 100 missiles de croisière et missiles air-surface ont été tirés sur des objectifs syriens militaires et civils ». Un nombre significatif » auraient été abattus par la défense aérienne syrienne
Finalement, l’Iran, allié régional du régime syrien, a fermement condamné l’attaque et estime que les Occidentaux devront assumer les conséquences de leurs actes dans la région